Tag Archives: Le journal de Catherine

Mon amie me trouve bonne de ne pas boire…

26 avril 2014

J’ai un petit groupe d’amies dont je suis très proche. J’ai souvent pensé que nous sommes presque comme des soeurs. Bien sûr, nous sommes toutes très occupées et on ne se voit pas aussi souvent qu’on aimerait. Mais, nous sommes toujours là quand l’une de nous a besoin d’aide. Nous sommes toujours prêtes à prendre soin l’une de l’autre… mêmes si nous sommes parfois maladroites dans nos bonnes intentions…

Hier soir, c’est moi qui ai été la victime des bonnes intentions de mon amie Denise.

Vendredi soir 25 avril

Le mois d’avril achève, mais ne veut toujours pas prendre un air de printemps. Il pleut et c’est humide… Je grelotte malgré le chauffage. Et personne pour me réchauffer. Jean-Marc est en voyage. Je suis donc de nouveau seule à la maison un vendredi soir. Enfin pas tout à fait seule, car le minou est encore ici. Je n’ai pas le cœur de le mettre à la porte alors que l’hiver refuse de partir. Mais dès les premiers jours de beau temps, je ne lui ouvrirai plus la porte. En attendant, le minou, c’est mon petit secret.

Je ne pense plus trop à l’alcool même si l’heure de l’apéro demeure un moment fragile. Ce soir, assise dans le salon, je sirote une bonne tisane chaude, accompagnée de petits biscuits aux épices. Une gâterie pour m’aider à ne pas penser au verre de vin blanc que j’aimais tant.

Et je tricote ! Ou plutôt, j’essaie de tricoter. Mon amie Solange s’était mise au tricot lorsqu’elle avait arrêté de fumer. Une façon d’occuper ses mains. Elle ne fume plus et ne tricote plus… Alors, elle m’a passé ses aiguilles, ses restes de laine, et ses patrons pour débutantes. Elle m’a aussi prêté le châle qu’elle s’était tricoté durant cette période de sevrage de la nicotine. Elle ne peut plus le voir. Il lui rappelle trop la cigarette….

Avec le châle vert sur mes épaules en guide d’encouragement et le minou endormi à côté de moi, j’essaie de me rappeler de mes notions élémentaires de maniement des aiguilles.

 

Tricoter n'est pas relaxant
Tricoter n’est pas relaxant

Ah, non ! Le minou s’était endormi sur mon téléphone cellulaire. La surprise m’a fait échapper une tonne de mailles ! Il va falloir que je recommence au début. Je ne sais pas rattraper les mailles. Mais si c’est Jean-Marc qui me téléphone, ça vaut bien des rangs de mailles…

Mais non, c’est mon amie Denise.

Une question à ne pas poser
Une question à ne pas poser

Et justement, j’essayais de ne pas y penser, de me changer les idées en tricotant. Denise n’est pas la seule à me poser ce genre de questions. Jean-Marc le fait souvent aussi. Et ma mère en est la championne.

Je dois me rappeler que c’est par souci pour moi que les gens me posent cette question : « Tu ne trouves pas ça trop dur de ne pas boire ? » C’est par gentillesse, dans le fond. Mais ce soir, la gentillesse de Denise n’a pas de limites…

Voici comment…

Vous pouvez lire la suite de ce chapitre dans le roman graphique La sobriété volontaire. Une année sans alcool (2015, 2018)

Je ne suis pas alcoolique, moi !

19 avril 2014

Les idées saugrenues de ma mère sont légendaires. Cette semaine, elle m’a téléphoné pour m’inviter à un souper du Vendredi saint. Oui, oui. Un souper du Vendredi saint ! Elle allait être occupée dimanche avec son petit groupe de plein air, mais voulait quand même souligner Pâques.

« Mais maman, tu ne vas pas quand même pas nous servir du jambon ou de l’agneau un Vendredi saint ? »

« Mais non, a-t-elle répondu, j’ai un menu tout à fait approprié : poisson, choux de Bruxelles, riz sauvage ; au lieu du pain, il y aura des brioches du carême. »

« Et, pour dessert, une salade de fruits sans sucre. Et comme je ne servirai pas de vin, ce sera parfait pour toi ! Pas de tentation ! »

Je n’ai rien dit, mais son menu ressemble beaucoup à ceux que, moi, je sers à mes invités quand je reçois. Pour elle, c’est un menu de carême…

« Ce sera un petit souper intime, rajoute ma mère.Et j’ai un invité que je tiens beaucoup à te présenter. Un homme charmant. Vous avez beaucoup de choses en commun. »

« Maman ! J’ai déjà un chum ! »

« Et il sera avec toi à Pâques, ton chum ? »

Ah, ma mère ! Elle trouve que Jean-Marc est un chum plutôt absent. Et elle a raison, cette fois-ci : il ne sera pas avec moi à Pâques. Son ex le reçoit, lui et leurs enfants. Je ne peux pas dire que ça me fait plaisir, mais je comprends… Un peu.

Hier soir, j’ai donc rencontré l’invité mystère de ma mère et ça a mal commencé…

Je ne suis pas alcoolique, moi.
Je ne suis pas alcoolique, moi.

Vous pouvez lire la suite de ce chapitre dans le roman graphique La sobriété volontaire. Une année sans alcool (2015, 2018)

Tentations. L’image de l’alcool à la télévision

12 avril 2014

Jean-Marc est de nouveau à Silicon Valley. Je suis seule pour une autre fin de semaine. Alors, en rentrant du travail, je passe évidemment chez mon traiteur favori. La dame derrière le comptoir aime bien placoter. Elle me suggère un bon vin qui irait parfaitement avec le plat que j’ai choisi. Je ne dis rien. Elle me regarde. « Ah, c’est vrai. Vous ne pouvez pas boire ! » Eh oui ! Grâce à Jean-Marc et sa grande trappe, elle sait maintenant que je ne bois pas… « Mais ça ne fait rien, madame ! Concentrez-vous sur la présentation. Les hommes apprécient ça, vous savez. » Un autre coup dans l’eau pour la dame. « Je suis seule ce soir. » Je la sens qui s’exaspère. « Mangez devant la télévision, d’abord ! Ça tient compagnie ! »

J’y avais pensé. C’est ce que je fais souvent maintenant quand je suis seule. Je me prépare un petit plateau devant la télévision… Mon menu de la soirée : petite salade verte, pâtes et… cannoli pour dessert. Ils sont vraiment bons leurs cannoli ! Le tout arrosé… d’un verre d’eau minérale. Je commence à le trouver plate mon verre d’eau minérale ! Après trois mois d’abstinence, j’ai parfois des sursauts d’impatience et d’irritation par rapport à ma résolution. Alors, je décide d’essayer quelque chose de spécial, ce soir. Je verse mon eau dans un beau verre à vin. Ce sera plus gai…

Je m’installe bien confortablement devant la télévision avec mon petit souper et ma télécommande pour la télé. Je suis prête à relaxer, à me changer les idées, à oublier ma petite solitude et le fait que mon chum est quelque part dans une Californie ensoleillée à siroter du vin sur une terrasse. Alors qu’y a-t-il de bon à la télévision ce soir ? Je ne sais pas. Parce que soudainement, en passant d’un poste à l’autre, quelque chose me frappe : ça boit partout à la télévision !

Ça boit partout à la télévision !
Ça boit partout à la télévision !

Bien sûr, il y a aussi des publicités d’alcool. Mais ça au moins, c’est clair. On s’y attend. Non, ce que je réalise ce soir, c’est que dans plein de types d’émission, les gens ont un verre à la main. Tout le temps et pour toutes sortes d’occasions.

Et les messages sont assez semblables, peu importe le type d’émission.

Vous rentrez du travail, exténué ? Vite, un verre de vin ou une bière, vous l’avez bien mérité ! Vous avez un problème sérieux que vous voulez confier à votre amie, votre conjoint ? Parfait ! Mais d’abord un verre de vin ou un petit alcool fort pour vous donner du courage. Une bonne nouvelle à annoncer ? On le sait parce que l’acteur ou l’actrice arrive avec une bonne bouteille.

Et je repense à des séries humoristiques que je regarde de temps en temps. Ce serait intéressant de compter combien de fois dans une émission de moins de trente minutes, sans raison particulière, on représente les personnages en train de boire de l’alcool. Je remarque aussi que ces gens qui ont un verre à la main, en général, sont heureux, beaux, sophistiqués, élégants. Leur vie est fantastique ! Elle n’est certainement pas plate comme la mienne ce soir…

En regardant mon verre d’eau minérale, une question tout à coup me chicote :

Est-ce que j’ai le goût d’un verre de vin ou bien ai-je plutôt envie d’être la fille dans l’image de la télévision ?

Elle semble avoir toutes les qualités… tous les plaisirs de la vie…

Vous pouvez lire la suite de ce chapitre dans le roman graphique La sobriété volontaire. Une année sans alcool (2015, 2018)

 

Suis-je alcoolique ?

5 avril 2014

 

Déjà trois mois sans alcool!
Déjà trois mois sans alcool!

Déjà trois mois sans alcool et je tiens toujours ma résolution de ne pas boire cette année. Et ça va assez bien en général ! Je ne remets plus ma décision en question. J’ai décidé d’arrêter et je vais continuer à tenir ma résolution. Il y a toujours des défis et pas seulement ceux auxquels je m’attendais. Comme les questions que soulève ma sobriété chez les autres, par exemple.

Et c’est pourquoi, en ce jour anniversaire, je me pose maintenant cette question : « Suis-je alcoolique ? »Je n’ai pas décidé d’arrêter de boire d’alcool pendant un an parce que je pensais que j’étais alcoolique. Même si je me disais parfois que je buvais trop, que j’abusais dans certaines occasions, je n’ai jamais pensé que j’avais un sérieux problème d’alcool et certainement pas que j’étais alcoolique.

D’ailleurs, je ne pense pas que qui que ce soit autour de moi m’aurait apposé cette étiquette. Quand j’ai commencé à partager avec les autres ma décision pour 2014, les réactions étaient assez semblables… On ne me pensait pas alcoolique. Alors pourquoi est-ce que moi, je me pose cette question maintenant ?

C’est que les gens commencent à me questionner, à passer des remarques. Et ça augmente de façon proportionnelle avec la durée de ma sobriété. C’est de persévérer dans ma résolution qui semble susciter les doutes autour de moi. On commence à se dire que si je me passe d’alcool complètement et pour si longtemps, je dois avoir une raison importante. Un vrai problème, quoi !

Alcoolique est un mot tabou.
Alcoolique est un mot tabou.

On ne me demande jamais directement si je suis alcoolique. Dans mon cercle d’amis et de connaissances, le terme « alcoolique » a une connotation tellement péjorative que peu de gens l’utilisent sauf pour décrire un cas extrêmement grave d’abus d’alcool. Le mot « alcoolique » est un mot tabou. C’est un mot qui fait peur. Alors, en général on va plutôt faire appel à des paraphrases, tourner autour du pot et parler de « problèmes d’alcool ».

Mais avons-nous vraiment raison ? Y a-t-il réellement une différence entre l’alcoolisme et les problèmes d’alcool ? Je me suis donc tournée encore une fois vers la toile pour avoir une définition de l’alcoolisme. J’en ai trouvé beaucoup, bien sûr ! Au fil des époques, les termes ont changé, les définitions se sont raffinées. Obtenir une réponse claire à la question « Suis-je alcoolique ? » n’est pas simple. Mais ces lectures sur l’internet sont très instructives et parfois amusantes. Ainsi, j’ai appris que le terme « alcoolisme » a été introduit au XIXe siècle par un M. Huss, médecin suédois, terme qui a remplacé celui d’« ivrognerie », plus courant à l’époque.

Je découvre aussi que l’alcoolisme revêt plusieurs visages. Plus je cherche, plus je me rends compte que le sujet est complexe. Pour en faire le tour, j’aurais besoin de m’y mettre à temps plein pendant une période beaucoup trop longue pour moi. Mais je note que les catégories d’alcoolisme se sont multipliées : on parle plutôt maintenant de « consommation problématique d’alcool ». Un terme englobant qui recouvre plusieurs situations tels la consommation excessive d’alcool, l’abus d’alcool, la beuverie express (binge drinking) et la dépendance à l’alcool. On trouve aussi l’expression « alcoolisme périodique » qui semble être une façon plus scientifique de parler de ceux qui ont tendance à « partir sur une balloune » ! Puis encore, alcoolomanie (désir morbide d’alcool), alcoopathie (la maladie liée à l’alcool), et finalement alcoolisme. Mais là, on revient au début…

En fait si on boit de façon assez régulière, on ne peut pas échapper à une de ces définitions !

Définitions de l'alcoolique. À chacun la sienne !
Définitions de l’alcoolique. À chacun la sienne !

Vous pouvez lire la suite de ce chapitre dans le roman graphique La sobriété volontaire. Une année sans alcool (2015, 2018)

 

Mon chum me flique !

29 mars 2014

Oui ! Mon chum me flique ! Mon chum me surveille. Il s’est autodéclaré mon surveillant, mon contrôleur. Il s’assure que je respecterai ma résolution de ne pas boire d’alcool pendant un an. Je ne lui avais rien demandé…

C’est hier, seulement, que je m’en suis rendu compte… Hier soir, Jean-Marc est venu souper et c’est là que le chat est sorti du sac. Façon de parler…

Ce n’est pas parce que, moi, j’ai décidé de ne pas boire que je crois que les autres doivent faire comme moi et se priver d’alcool. Je ne demande pas non plus aux gens de ne pas boire devant moi. C’est pour cette raison que je laisse Jean-Marc se garder quelques bières et une bouteille de vin dans mon frigo. Il aime bien une petite bière bien froide en revenant du travail, pour relaxer. Et il ne peut pas se passer d’un verre de vin en mangeant son repas du soir. C’est un connaisseur en vin… Et pour dire vrai, ça ne me dérange pas vraiment. On ne se voit pas beaucoup, car nous sommes tous les deux très pris par le travail. Et quand il n’est pas là, je pousse ses bouteilles dans le fond du frigo.

Mais hier, quand il a sorti sa bouteille, j’ai remarqué quelque chose d’assez surprenant :

 

Mon chum me flique!
Mon chum me flique!

C’est ça !? Il me surveille! Et tout à coup, plusieurs petits incidents récents me sont revenus à la mémoire.

(…)

Alors, tu me surveilles ?
Mon chum est froissé.
Mon chum est froissé.

Ah ! Les voeux de silence de Jean-Marc quand il est blessé ! Mais je le connais. Je savais qu’il ne pourrait pas se taire bien longtemps. Surtout qu’il était temps de se mettre au lit…

Le soutien à la façon de mon chum.
Le soutien à la façon de mon chum.

Vous pouvez lire la suite de ce chapitre dans le roman graphique La sobriété volontaire. Une année sans alcool (2015, 2018)